Vendredi dernier, j’étais encore tout endolorie de l’Outdoor Mix Festival. Mais voilà, j’avais à nouveau ces drôles de guilis dans les tripes rien qu’à l’idée de reposer mes fesses sur ma buttmachine mobile (propriété de Boris alias le Patron que je remercie encore au passage). Des vraies chatouilles d’envie, du genre auquel on ne résiste pas.
Paris 18ème, 14h. Nico (alias Punk), ma « copine » moustachbarbue, prépare son barda. C’est que monsieur est à la fois romano-bricolo de planches et grand dézingueur de roues devant le Saint Tool. Pas moins de sept planches, des gros sacs et des riders enthousiastes, voilà tout ce bazar qui s’engouffre dans la spacieuse italienne.
Direction plein ouest vers Le Saint, commune de 617 âmes (recensement 2012) dans le Morbihan, au sud des montagnes noires, pour le freeride du St Pathik. Oui, ils sont rigolos les noms des events freeride, en particulier ceux organisés par l’association R.I.D.E, le Rassemblement Interdépartemental des Descendeurs Eclectiques.
5h de conduite avec une pause café-autoroute au coeur de la forêt de Brocéliance, tu le sens le parfum des genêts ? Arrivée au camping des riders – le terrain de foot municipal et sa jolie pelouse – juste à temps pour planter rapidement nos tentes et trinquer à l’apéro rituel des retrouvailles avec les copains.
Nec plus ultra, Chaf prend le tablier en chef des biligs pour nous régaler de crêpes complètes faites sous vos yeux mesdames, messieurs.
Ça y est, on n’est plus en week-end mais bel et bien en vacances . On se réchauffe autour d’un bon feu de camp avant de filer sous le duvet.
Lendemain matin 9h, réveil au doux son de la grosse voix de Benoit alias Benout. Le ciel est chargé, ça pleuvine par moment. Petit dej express avec double dose de thé fumant. Et tout à coup, ça s’accélère : les plus impatients se dirigent déjà vers le spot situé à 4mn top chrono en voiture. Dans la précipitation, j’oublie le tiers de mes affaires : lycra et chaussures de skate. A la guerre comme à la guerre, j’enfilerai ma combi par dessus le T-shirt et le jean et mes baskets de ville feront les tours de piste dans les freins.
Arrivée au départ de spot, oh il y a tout plein de verdure le long de la route qui, elle, est… plutôt bien humide. C’est le moment de valider les inscriptions et de s’équiper. Ou pas car certains préfèrent attendre sagement que le mouillec (mi sec mi mouillé) vire au carrément mouillé ou qu’il redevienne bien sec >> moins de risque de se gameller !
Le spot est une bien jolie découverte ! Un circuit d’environ 1 km, tout doux avec une pente de 5% en moyenne donc légère, mais constante. 6 virages à priori sans freinage pour peu qu’on ait de bons appuis et, au bout du parcours, une ligne droite en remontée.
Zbam, me voilà sur un spot de luxe , idéal pour se reposer de l’Outdoormix tout en travaillant les basiques. Je constate même que c’est LE SPOT pour débuter en stand-up… Cela dit, même si j’avais dans l’idée de tenter de skater debout avec le proto que Punk me prête pour apprendre à slider, je comprends vite que ce ne sera pas de la cueillette de pâquerettes. Donc, ma fille, tu t’abstiens, c’est pas le moment de faire ta tête brûlée (soupir).
Les bons appuis, je ne les ai pas encore, ni l’aisance de la trajectoire… Et dans les virages de ce chouette spot, il y a deux traîtres, le second – un droit viscelard qui commence doucement, semble s’arrêter et continue finalement en se resserrant – et l’avant dernier – un gauche tout aussi fourbe dans le resserrage et qu’on prend en plus à pleine balle puisqu’il est en fin de parcours après un schuss. (voir l’image ci-dessous : le départ est situé sur le point le plus à droite )
C’est donc dans la joie et l’allégresse que je m’apprête à envoyer le premier run sur un macadam encore détrempé. Certains regardent les roues de ma planche avec un air étonné ou circonspect. Ah ces fameuses roues Rayne rainurées rouge Ferrari héritées de Vincent Bombastic en intriguent plus d’un ! Quoi, la meuf a même prévu des roues de pluie ? Waow. Là, dur de ne pas céder pas à la tentation de l’esbroufe espiègle. Mais comme je suis une bonne fifille, j’explique rapido comment j’en suis arrivée là et je vois immédiatement dans les regards que je viens de disparaître du radar “attention, rideuse expérimentée”. Ouf, j’ai failli rouler en paquet (rouler à plusieurs riders de front : c’est fun mais plus technique aussi pour tracer sa route sans valdinguer ou faire valdinguer les autres).
C’est parti pour le premier run, je suis déjà au virage avant la buvette et je me sens plutôt à l’aise. Ah ah, j’entends Punk me crier “Vas-y maman !”, il perd rien pour attendre le salopiaud. Avant dernier virage (l’un des fameux viscelards) puis dernier grand droit et rampe de freinage automatique avec la pente qui remonte. Environ 1 min 40 de glisse, le sourire banane comme quand on fait du manège. Premier retour vers le haut du spot avec le fameux tracteur, celui dont j’ai tant entendu parler. C’est comme l’emblème du St Pathik, l’unique freeride où la navette des riders n’est pas assurée par des camions mais bien par un seul et mégamastoc tracteur. Vise un peu s’il est beau avec son skate en tête de proue et le drapeau d’hermine en étendard. Ah ces Bretons !
Et hop, on y va jusqu’au troisième run et… weeeee, première gauffre ! Ben voilà, comme je me sentais bien, j’ai un peu poussé la vitesse mais il a plu depuis le premier run et ça patine gras. Arrivée à balle dans ce fichu avant dernier gauche, je manque de sortir à deux reprises mais je rattrape…sauf la troisième fois, presque en fin de virage. Là, ça décroche complètement et j’ai à peine le temps de viser la dernière botte de paille. Ça calme.
Le lendemain matin, j’ai droit à mon deuxième viandage ou plutôt broutage. Pour une fois, j’ose partir avec mes copains skateurs rapides comme l’éclair (les bons de bons) mais je sors au premier virage perfide après avoir pédalé dans la semoule pour trajecter. Sandy à genoux sur l’herbe du bas côté, rageuse de ne pas avoir fait le run entier. C’était pourtant si bien se filer avec Nico et Vincent juste derrière moi, à quelques centimètres de planche. Ils me faisaient l’amitié de ne pas aller aussi vite qu’ils savent faire, juste pour le plaisir de partager la descente.
Troisième gadin l’après-midi, celui-là fait un peu plus bobo. Re dans l’avant dernier gauche, je veux faire la maline à rattraper Rico qui m’a doublée en butt pour me montrer les trajectoires. Oh je le vois arriver ce beau gadin, dès l’entrée du virage, beaucoup trop à balle et pas assez allongée. Imagine, tu sais que c’est mort pour finir ce fichu virage, tu vois l’arbre en face, tu sais qu’il ne faut pas le regarder sinon t’y va direct mais ça va trop vite pour regarder ailleurs. Donc l’arbre, tu le vises et là tu as de la chance parce que c’est un arbre à double tronc ! Opération bascule du bassin, pliage de jambes (si la board peut prendre plutôt que le corps, faut pas se gêner) et aïe un talon gauche qui fait bisou à la raie des fesses et la guibolle droite qui pendouille dans le fossé de l’autre côté du tronc. Bel étirement, merci.
Ces bananages, ils te marquent sur le coup mais tu les digères vite. Tu apprends à encaisser…et à (bien) retenir la leçon
Et de toutes façons, le freeride du St Pathik, c’est le parent pauvre de la gamelle tellement il est doux comparé à d’autres spots. La preuve…
Alors, si on y chute peu, que se passe-t-il donc pendant les runs ? Well, comment résumer… Les photos valent mieux que de longs discours.
D’abord, on se donne beaucoup la main (et on se la met aussi aux fesses)
On se tire tout le temps la bourre
On agite parfois des drapeaux (là, apparemment, Vincent fait grève, désolée)
On fait des initiations
On se filme tellement qu’on est beaux
On est vraiment BEAUX
Mais la classe ne dure jamais très longtemps…
Ca glisse dans la gadoue ♪ ouh la gadoue ♫,
Le doigt d’honneur pointe,
Les fesses prennent l’air (burp),
et on croise parfois une bite o_O
Il y a aussi ces moments de pétage de ventre avec les galettes maousse costaudes des adorables crêpières bigoudennes
ou le traditionnel service du kig ha farz
Et aussi tous ces instantanés de tendresse avec des gueules d’amour…
David, le bourreau des coeurs malgré lui (Daviiiiid !!!)
Les minots qui s’amusent
et Jazzy, le berger australien qui bouffe à tous les râteliers et déteste les chiens laids.
Voilà, le St Pathik c’est tout ça, un concentré de sport, de trucs potaches et gouleyants et d’la tendresse bordel ! Ils m’ont bien eue chez RIDE, harponnée en plein coeur. C’est décidé, ma licence en septembre, c’est chez eux que je la prendrai.
Chapeau les zouaves !